Un peu d’arithmétique ...
Au petit déjeuner, vous mangez 10 g de miel sur une tartine ... ou mieux, à la cuillère, dans le pot ! ...
Problème : combien ces dix grammes de miel représentent-ils de "sorties aux champs" pour une abeille, et combien de fleurs a-t-elle visitée ?
Les éléments du calcul :
Pour remplir son jabot de nectar, une abeille doit visiter environ 1 000 fleurs de trèfle *,
Ce jabot plein représente environ 75 mg de nectar (soit presque le propre poids de l’abeille, environ 85 mg),
Pour devenir du miel, le nectar doit perdre les 2/3 de son eau.
Résultat :
Quantité de miel résultant d’une seule sortie après évaporation des 2/3 de son eau : 75 mg x 1/3 = 25 mg,
Soit pour 10 g (10 000 mg) de miel : 10 000 : 25 = 400 voyages,
Nombre de fleurs visitées en 400 voyages : 400 x 1 000 = 400 000 fleurs !
Bravo l’abeille ! ... et merci, même si vous êtes plusieurs à partager ce travail ...
* Les "fleurs" de trèfle (ou d’acacia par exemple), sont en fait des capitules composés d’un nombre variable de fleurs ...
Mégabombus
Quelle curieuse météorologie en ce début 2007 !
Depuis une dizaine de jours, devant chez moi, un Camelia et plusieurs Prunus ornementaux sont totalement fleuris !
Et ce n’est pas tout ! Hier, vendredi 19 janvier, vers 15 h, j’ai observé une reine "hivernante" de Bombus terrestris qui butinait sur les Prunus. Elle est vite repartie, sans doute à cause d’une récolte maigre en quantité et en qualité.
Ce qui est inquiétant, c’est que si ces reines sortent de leur léthargie hivernale maintenant, elles vont consommer leurs réserves de graisse, et qu’elles ne survivront pas si un coup de froid - très probable - se produit dans quelques jours.
D’un point de vue général, les risques sont les mêmes pour toutes les espèces animales hivernantes, en particulier les batraciens.
Mais on n’y peut rien, sauf regretter.
Question ouverte : si vous avez aussi observé des bourdons ces jours derniers, merci de m’en faire part.
Le mérite d’avoir lancé la première étude entomologique d’une certaine envergure revient en fait au Conseil général de l’Eure qui intervient ici en tant que responsable d’un Espace Naturel sensible. La superposition de plusieurs statuts de protection a donc parfois d’heureuses conséquences. L’origine de cette initiative était un projet d’établissement de ruches sur le site. Or dans le contexte général de menaces sur la biodiversité et notamment sur les abeilles sauvages, les gestionnaires ont estimé que, dans un ENS, une étude préalable des peuplements d’abeilles s’imposait. Il était important au terme d’une telle étude de mesurer l’incidence du projet sur cette entomofaune indigène encore méconnue.
Ce que le Conseil général de l’Eure ignorait peut-être, c’est que cette recherche est probablement l’une des toutes premières de ce type en France. Comme nous le verrons en effet, la fascinante famille des apidés est l’une des plus mal connues en France et c’est seulement depuis quelques années que se dessine une véritable dynamique de recherche. Nous avons apporté tout notre soin, toute notre passion naturaliste même, à cette recherche et nous espérons non seulement qu’elle répondra aux attentes de notre commanditaire, mais qu’elle servira d’exemple à de futures études régionales.